La musique haïtienne

Une grande place dans la vie locale

La musique occupe d’une manière générale une place importante dans la vie des haïtiens. A l’origine, elle puisait ses inspirations dans des chants et traditions de l’Afrique ancestrale. Jusqu’au XIX siècle, la musique militaire et les fanfares ont été les grands repères de la musique nationale.

Pendant l’occupation américaine, de 1915 à 1934, la musique haïtienne s’est significativement réorientée vers ses racines ancestrales africaines. Des compositeurs haïtiens, parmi lesquels Ludovic Lamothe (1882-1953), Justin Elie (1883-1931), Franck Lassègue (1890-1940) et Werner Jaegerhuber (1900-1953), tous formés en Europe, ont été les principaux artisans de ce retour de la musique nationale à ses sources traditionnelles.

À partir des années 1950, des orchestres légendaires ont vu le jour en Haïti, dont les plus célèbres ont été l’Orchestre du maestro Issa El Saieh, et l’Orchestre Jazz des Jeunes. Cette nouvelle tendance ayant agrémenté l’univers musical haïtien a eu pour principale caractéristique de se distancier peu à peu du rythme hispano-américain pour embrasser progressivement les grands contours du jazz américain.

En 1955, à l’initiative du Maestro Nemours Jean Baptiste, un nouveau rythme a vu le jour et jouit jusqu’à présent d’une immense popularité tant en Haïti que dans plusieurs pays étrangers où réside une communauté haïtienne. Il s’agit du “Konpa Dirèk”, joué pour la première fois par l’Orchestre aux Calebasses, qui est devenu quelques années plus tard L’Ensemble Nemours Jean-Baptiste.

Quelques années plus tard, le nouveau rythme est adopté par la majeure partie des groupes musicaux haïtiens. L’Orchestre Septentrional, quoique fondé au Cap-Haïtien en 1948, s’est adonné à la pratique du Konpa quelques années après sa création, tout en ne délaissant pas pour autant les rythmes de boléros et meringues dans lesquels il excellait.

L’Orchestre Tropicana d’Haïti, fondé quelques années plus tard dans la même ville que son devancier, y a donné son premier bal en 1963 lors duquel le Konpa était au rendez-vous. En 1968, l’une des plus fameuses bandes musicales haïtiennes, le Tabou Combo, fondée par Hermann Nau et Albert Chancy, a fait l’honneur de la musique haïtienne en livrant des prestations d’anthologie dans presque toutes les grandes salles de spectacle du monde.

Plus de 70 ans après sa création, le Kompa est devenu la musique nationale qui rythme la vie des haïtiens.